Gloire au bar dà côté !

Publié le par Alphonse Boudabard

Dans la droite ligne de mes petites théories approximatives, fruits de l'expérience et de mes observations, il y a celle du « bar d'à côté ». Infaillible.

Toujours pareil : tu reçois chez toi un bon pote qui habite loin et vous avez décidé de sortir.

Quitte à aller boire un verre, autant lui montrer les endroits sympas de chez toi. Et ça paraît toujours évident...au départ : « Il faut absolument que je t'emmène voir le « Bronsky bar » (ou le « Flytox Lounge» ou le «Koukaboura Club»...) qui vient juste d'ouvrir. Parce que c'est nouveau, pour l'ambiance, pour le décor, pour les nanas, parce que la bière est à 2 euros ou « simplement » parce que tout le monde en parle...

Sur ce, vous partez sans tarder, toi, fier de montrer à ton copain comment on s'amuse « par chez toi » et lui, tout heureux de découvrir, grâce à toi, la « place to be » du moment.

Alors, bien sûr, tu passes sur la bonne demi heure à trouver une place pour te garer. Tu expliques à ton pote, en te tournant vers lui l'air gêné tout en faisant ton créneau que « c'est comme ça, ici » mais que « quand même d'habitude, c'est pas autant comme ça ». D'ailleurs les vingt minutes de marche qui suivent pour rejoindre le quartier du bar te laisse largement le temps d'expliquer ton incompréhension quant au coup du sort du jour qui fait que, juste aujourd'hui où il est là, les places dans le quartier sont introuvables.

Puis le néon du bar se profile au bout de la rue. Une rue quelconque, d'ailleurs, pas facile à trouver et un peu déserte, ne serait-ce le bar sans cachet qui jouxte directement l'établissement à la mode que vous envisagez de rallier...et la queue interminable juste devant ce dernier.

- On va quand même pas faire la queue pour boire un coup, dit ton pote plein du bon sens du mec qui ne vit pas en ville.

- Mais non, c'est rien. La plupart des gens que tu vois, c'est des mecs qui prennent l'air dehors. C'est bon signe. Ca veut dire qu'il fait chaud dedans. Et donc, qu'il y a une bonne ambiance...

- Et si on allait ailleurs ?

Cette seule idée te révolte. Un simple coup d'oeil à la ronde te confirme de toutes façons que trouver un lieu équivalent dans le quart d'heure serait mission impossible.

- Avec le mal qu'on s'est donné, ce serait con. Et puis, tu verras, ça rentre et ça sort, à l'intérieur. Je te paris que dans 10 petites minutes, tu seras assis au bar devant une bonne bière.

En fait, ta mère a bien fait de t'apprendre à ne jamais parier car un bon quart d'heure plus tard, tu es toujours au même point, les pieds presque plantés dans le bitume du trottoir. Tu sens la perspective d'une bonne soirée t'échapper quand ton ami reprend l'initiative.
- Après tout, on s'en fiche, c'est juste pour boire un coup. Y'a quand même pas que ce bar dans cette ville. Regarde, ce bar, là, il a l'air très bien. Pourquoi personne n'y va ?

Et tout à coup, tu considères le bistro, là, juste à côté avec un peu moins de mépris. Bon d'accord, il n'a pas la superbe du bar souhaité mais il dispose quand même de tout ce qui fait un bar digne de ce nom: un comptoir, une pompe à bière, des tables, des chaises et des consommateurs qui ne te semblent pas si patibulaires. Alors, pour sauver ta soirée, toute honte bue et toute bière à boire, tu entres...

Et bien, crois moi si tu le veux, mais tu passes alors, immanquablement l'une des meilleures soirées de ta vie.

Car à l'image de ces soirées auxquelles tu n'avais pas envie d'aller mais qui se révèlent d'enfer, le bar d'à côté est une curiosité de la vie qu'il faut absolument expérimenter !

Le bar d'à côté repousse par nature les crétins prêts à faire la queue jusqu'au bout, juste pour faire partie de la déco du nouvel endroit à la mode, plutôt que de boire confortablement une bière. Le bar d'à côté est un refuge. Il est habité par des habitués goguenards qui, plutôt que de tourner en rond entre eux, accueillent à bras ouverts les naufragés de la soirée pourrie. Comme les insulaires, friands des récits des nouveaux venus, ils savent aussi que ces derniers, avec la passion des désespérés revenus à la vie leur rendront avec gratitude leur accueil désintéressé, à coup de tournée générales et de rigolade.

C'est sans doute cette humanité fraternelle, cette chaleureuse complicité qui fait le bonheur à boire dans les bars d'à côté.

Le bar d'à côté sera toujours la valeur sûr du début de soirée « pourrie » qui finit bien.

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Z
Oui, c'est du vécu, c'est tellement vrai. Et en général, c'est dans ces bars sur-fréquentés que tu seras le plus mal accueilli, et où la note sera quant à elle la plus salée.<br /> C'est également valable pour les restos.<br /> Ca marche pour les places dans le ciné. T'es arrivé le premier, tu t'es mis un peu à l'écart avec ta douce. Alors qu'il y avait 696 places de libres le premier couple qui rentre vient juste se mettre à une place de toi, collé à ta droite, t'obligeant à mettre ton blouson sur le siege libre à ta gauche.<br /> Et c'est généralement une attitude plus féminine que masculine. Rajoutes à cela que l'été faut forcément trouver une place en terrasse pour la gente féminine. Alors que toi, tu creves de chaud, tu n'es pas habillée d'une petite jupe avec des tongs (non tu es en jean, chausures de villes, chaussettes, et chemises à manches longues), et ne revait que d'un peu de fraîcheur, d'où l'objectif de boire un verre rafraichissant...
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A
<br /> Ah oui, tiens, je l'avais oublié, celui là : l'intrus adhésif. A la plage, dans le parking, au cinéma, au restaurant ou partout ailleurs où tu as de l'espace et souhaite en profiter, y'a quelqu'un<br /> qui vient se coller. Y'a des gens pour qui les autres gens font parti du décor...<br /> Mais tu as de la chance, toi au moins, que ce soient des filles qui souhaitent profiter de ta proximité !<br /> <br /> <br />
B
Non, 'est dans le 1er article "bonjour à tous", excuse-moi!
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A
<br /> Effectivement, on retrouve ce même esprit !<br /> <br /> <br />
B
c'est très vrai ton histoire!Ton écriture est sympa! Bravo! Si tu as le temps, tu iras voir chez moi l'article qui s'appelle "Lyon, ma passerelle": il me semble que tu t'y retrouverais peut-être! Santé monsieur Alphonse boudabard!
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